Rapport Social Unique : déclaration UNSA en CST central
Hausse des recrutements de contractuels en CDD, vieillissement des agent-es et conséquences prévisibles, promotions de grade en hausse grâce au RPP 100%, forte hausse de la catégorie B, hausse des rémunérations, absentéisme, baisse préoccupante des visites médicales liée au manque de médecins - retrouvez l'analyse et les alertes de l'UNSA Ville de Paris.
DECLARATION DE L'UNSA AU CST CENTRAL DU 12 JUIN 2025 : RAPPORT SOCIAL UNIQUE
A Paris, le jeudi 12 juin 2025
Madame la Présidente, Mesdames Messieurs,
Nous constatons qu’après plus de 5 années de baisse continue des effectifs de fonctionnaires, une hausse apparaît enfin (+ 1.5%, +688) pour arriver à un total de 45860. Cette hausse n’a pas permis cependant de compenser la baisse des années précédentes (-3.2% de 2019 à 2023) puisque sur la période 2020-2024, l’évolution est toujours négative (-568, -1.2%). Les équipements existent pourtant, les missions s’élargissent, et à l’arrivée, des personnels en tension et exerçant leurs missions de service public dans des conditions de travail dégradées voire parfois dangereuses, pouvant provoquer ainsi, à leurs corps défendants, une moindre qualité du service public due aux usagers.
Cette hausse est-elle l’arbre qui cache la forêt ?
En effet, le nombre d’emplois contractuels total continue de progresser, passant de 6105 à 7124 entre 2020 et 2024 (+16.7%) et de 6508 à 7124 entre 2024 et 2023 (+9.5%) mais avec une variante nouvelle, le recrutement se fait plus en faveur de CDD que de CDI, ces derniers diminuant de 11.4% alors que les CDD progressent de 22.5%.
Sur la période 2020-2024, cette tendance se vérifie puisque le nombre des CDD augmente de 24.1% (+952) contre 3.1% (+67) pour les CDI.
Si on ajoute la non-progression des effectifs fonctionnaires sur la période, force est de constater que le choix de la Ville se porte plus volontiers sur le recrutement de CDD au détriment de CDI et de fonctionnaires. Cela traduirait-il la volonté de se débarrasser des CDD à l’échéance du contrat pour éviter de leur attribuer un CDI, nous n’irons pas jusque-là.
Notre énoncé de l’an passé semble ainsi se confirmer ; la Ville de Paris sait parfaitement utiliser les nouvelles lois de la majorité actuelle quand cela lui convient, en recourant de façon habituelle au recrutement par contrat, avec peut-être une préférence pour le déterminé plus que pour l’indéterminé.
In fine, la hausse totale des effectifs se situe à +2.5% (+1304) entre 2023-2024 et elle est ramenée à +0.9% (451) sur la période 2020-2024, ce qui relative fortement mais est déjà mieux que la baisse de 0.9% sur 2019-2023.
Le solde arrivée/départ entre le recrutement et les départs en retraite est encore positif mais l’âge moyen des fonctionnaires continue à augmenter, faiblement mais toujours régulièrement à 47 ans et 10 mois (+1 mois). La part des agents de plus de 50 ans représentent 48.8% du total, 7731 (+609, +8.5%) et ceux de moins de 30 ans 7.7% soit 4158 contre 3891 (+267, +6.9%).
L’anticipation du volume de travail du bureau des retraites et des demandes de simulation, la durée actuelle du traitement d’un dossier de retraite étant d’environ 10 mois, est donc indispensable.
Concernant les détachements, on peut noter que le ralentissement des départs de 2023 (+7, +0.3%) s’est mué en une baisse en 2024 (-41, 1.6%) à mettre au regard d’une très légère progression des accueils (+0.9%, +9), deux premières depuis 2019 à noter. La Ville recommencerait-elle à devenir un peu moins répulsive ? Réponse dans les prochains RSU pour voir si cette tendance positive se poursuivra.
Faisons le « Paris » de l’attractivité !
Pour ce qui est des promotions de grade, par choix et par examen, elles présentent cette année un bien meilleur un visage grâce aux ratios à 100% pour les agents des catégories B et C. Le nombre a progressé de 75.5% au total, ce qui a permis d’inverser la baisse de 2019 à 2020 (-31.8%, -1196) en une hausse de 29.9% (+1734) entre 2020 et 2024. Espérons que ce ratio sera maintenu pour les prochains RPP, voire étendu à toutes les la catégories… À se revoir pour les réunions relatives au prochain RPP ?
Le changement de cartographie entre les trois catégories par rapport à l’effectif total amorcé en 2019 se poursuit tranquillement, une baisse de la catégorie C (-13%), une légère progression de la catégorie A (+4.2%) et une forte hausse de la catégorie B (+55%).
Le poids de la masse salariale sur les dépenses réelles de fonctionnement continue sa progression depuis 2022 et atteint 30.98% en 2024 (+0.81%).
La hausse amorcée en 2022 se poursuit avec une progression de la rémunération brute moyenne annuelle de 4.9% et de 5.3% pour la rémunération brute annuelle médiane, pour atteindre une valeur respective de 38 929 € et 34 978 €.
Une fois n’est pas coutume, l’UNSA regrette le manque d’éléments plus détaillés sur la ou les origines de la hausse (traitement budgétaire, indemnitaire, grilles…).
Pour ce qui concerne l’absentéisme, le nombre de jours a baissé entre 2024 et 2023 (-4%) mais conserve une hausse moyenne sur la période 2021-2024 de 2.7%. De la même façon, le nombre d’agents a baissé de 7.7% et de 5.3% sur la période, mais le nombre de jours par agent est en progression constante depuis 2021 de 38 à 41 (+8%).
Si la case fourre-tout « autres » a heureusement disparu, la définition des « absences à conserver » et des « absences diverses » mériteraient de figurer dans le glossaire.
Les accidents de service et de trajet sont en baisse de 8%, mais l’absence d’informations sur les causes ne permet pas d’en connaître les raisons. Nous avions naïvement cru que cette baisse était peut-être due à la progression du télétravail, mais la DRH a démenti cet espoir. La baisse serait due à un « effet JO », effet autant inattendu que surprenant… À quand les JO chaque année toute l’année ?
Par contre, une autre baisse inquiète beaucoup plus. Celle des visites médicales, qu’elles soient occasionnelles (à la demande) ou périodiques (obligatoires). Les premières ont diminué de 3% et les secondes de 27%. La raison elle, est connue depuis longtemps, le manque de médecins.
Cette situation est d’autant plus prégnante dans les directions « techniques » comme la DEVE, la DJS ou la DPE où la spécificité des postes nécessite obligatoirement une visite médicale d’aptitude ou une visite médicale régulière pour pouvoir exercer son métier (travail auprès des enfants, chauffeurs, bûcherons…).
Ainsi, à titre d’exemple, la DEVE (composée aux 2/3 de personnel ouvrier) manque dangereusement de médecins préventifs, un seul poste budgétaire sur 4 est pourvu alors que le nombre de 4 médecins était déjà insuffisant. Certains agents conduisant des véhicules attendent depuis 8 ans leur visite médicale annuelle.
Et ce ne sont pas les effectifs actuels (1 seul médecin) qui vont pouvoir rattraper les visites en retard !
Et que dire des agents qui doivent voir un médecin pour un aménagement de poste qui se retrouvent, en désespoir de cause, dans l’attente d’un hypothétique rendez-vous peut-être dans d’autres directions que la DEVE, voire à l’extérieur de la Ville ?
À la DSP, pour tenter de remédier au manque de médecins dans les établissements scolaires, activation du système D : les infirmières remplacent les médecins, les SMS les infirmières. Et demain ?
Si l’équation est simple : manque d’attractivité + vacances de postes = agents en danger, sa résolution semble elle des plus difficiles eu égard à la longévité de son existence. Espérons que la solution sera plus vite trouvée que celle de l’énigme de la chouette d’or…
La Ville de Paris, nouveau désert médical ?
À l’instar du dialogue social à la Ville de Paris, riche dans sa forme (instances régulières tant dans les directions qu’au central, nombreuses audiences et réunions de dialogue social) mais pauvre dans son fond (plus d’informations que de véritable concertation, si la municipalité entend, elle n’écoute que rarement), le RSU, travail considérable, ne reflète malheureusement pas le quotidien que vivent les agents.
Ainsi, même si nous n’avons pas suivi à la lettre la pensée de Gustave Flaubert, qui pour n’avoir pas à s’exprimer sur le fond trouvait préférable de vanter la forme, en conclusion l’UNSA donnera donc un avis favorable sur la forme mais ne pourra pas donner un avis favorable sur le fond.